mercredi 22 décembre 2010

LOPPSI 2 : Adoptée



Hier soir, le projet de loi LOPPSI 2 a été adopté par 305 voix contre 187 par l'Assemblée Nationale.

Cette loi décrite comme un "Fourre-tout juridique" par les partis d'opposition et les différentes associations est finalement passée "sans accroc" comme le précise la dépêche AFP.

Je ressens comme un léger sentiment de malaise ce matin, par ce qu'à ma grande surprise, peu de médias diffusaient l'information.
Depuis son adoption en première lecture en février 2010, LOPPSI 2 n'a cessé de faire réagir, mais encore une fois, comme feu le conflit concernant la réforme des retraites, l'opinion publique, les associations et les partis d'opposition n'ont pas pu faire le poids contre la majorité.

Ces derniers mois, j'ai écrit plusieurs articles dénonçant les implications et les risques liés à ce projet de loi. J'ai vu circulé sur les réseaux sociaux de nombreux appels à la mobilisation et lu différents articles qui comme les miens tentaient d'alerter l'opinion publique.
Sans doute en vain...
Dans un pays gouverné par un chef d'état mégalomane et corrompu, ça ne devrait plus vraiment m'étonner et pourtant...
Pourtant je pensais (naïvement) qu'en France quand les citoyens se mobilisaient, on les écoutait.
Qu'un projet de loi comme celui-ci passe "sans accroc" me perturbe.
En 2012, ça fera 10 ans qu'on goûte à la sécurité façon Sarkozy.
Des progrès ? Non.
Une baisse du taux de criminalité ? Non plus
Une amélioration de la liberté d'expression et de la liberté de la presse ? Tout l'inverse.
Pourquoi ?
Par ce que la sécurité intérieure selon Sarkozy c'est : Répression, Dénonciation, manipulation et surveillance.

Bienvenue, chers citoyens français, dans un pays :

  • Où la vente à la sauvette devient un délit, 
  • Où l'on évacue des campements dits "illicites" en 48h sans tenir compte de la trêve hivernale
  • Où le gouvernement peut bloquer un site web sans passer par aucune autorité judiciaire et sans avertissement préalable
  • Où Les préfets pourront décréter un couvre-feu entre 23 heures et 6 heures du matin pour les moins de 13 ans, dans le cas où "leur présence sur la voie publique durant la nuit [...] les exposerait à un risque manifeste pour leur santé, leur sécurité, leur éducation ou leur moralité"
  • Où les préfets pourront autoriser l'installation de caméras en cas de "manifestations ou rassemblements de grande ampleur présentant des risques pour l'ordre public". 
  • Où un jury d'assises pourra prononcer une peine complémentaire d'interdiction du territoire à l'encontre d'un "criminel de nationalité étrangère"
  • Où Le président du Conseil général pourra prendre toute mesure d'aide et d'action sociales de nature à remédier à la situation quand les parents d'un mineur refuseront de signer un "contrat de responsabilité parentale" (créé en 2006)
  •  Où l'on imposera un dépistage VIH à toute personne ayant commis sur un dépositaire de l’autorité publique des "actes susceptibles d’entraîner sa contamination par une maladie virale grave". (article 37 octies)
    Elle est pas belle notre France des Droits de Sarkozy ?

    lundi 13 décembre 2010

    LOPPSI 2 : le virage sécuritaire



    La" loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure" ou LOPPSI 2 sera examinée à partir de demain à l'Assemblée Nationale.
    Ce projet de loi dont certains ont vaguement entendu parlé risque d'en scandaliser plus d'un et de provoquer un tollé général, ou du moins des remous importants dans le paysage politique français.
    Depuis quelques mois déjà, des collectifs d'associations dont le CLEJ et le collectif des associations unies s'inquiétaient des conséquences et implications du vote de cette loi
    LOPPSI 2, qu'est ce que c'est ?
    Voici quelques explications qui pourront vous aider à comprendre :

    Cette loi qui arrive devant les parlementaires demain définit les grandes orientations des forces de l'ordre pour 5 ans (de 2009 à 2013). Cette loi qui donnait déjà un plus grand pouvoir aux dites forces de l'ordre dans sa première version a, depuis les émeutes de Grenoble, été enrichie de nouvelles mesures qui pourraient faire basculer la France dans un virage sécuritaire important et historique.
    Entre autres choses, cette loi comprend l'instauration de peines plancher pour les primo-délinquants, peines de sûreté portées à trente ans pour les meurtriers de policiers, surveillance judiciaire étendue via notamment le bracelet électronique, comparution immédiate de mineurs, expulsion de résidents de logements jugés insalubres sous 48h et sans tenir compte de la trêve hivernale.
    La Loppsi 2 recèle des dispositions variées, allant du délit d'usurpation d'identité sur internet à l'interdiction de déplacements de supporters, en passant par la pénalisation de la vente à la sauvette ou encore l'encadrement des activités privées de sécurité. Est aussi venu se greffer à la rentrée, un assouplissement des règles du permis à points très médiatisé et auquel Nicolas Sarkozy aimerait mettre le holà. Demain à l'Assemblée nationale, la loi arrivera au Sénat début 2011.

    Les principales mesures :
    • Peines plancher (entre six mois et deux ans) pour des violences aggravées passibles de trois à dix ans de prison. Allongement de la période de sûreté à trente ans pour les auteurs de meurtres de personnes dépositaires de l'autorité publique.
    • Immigration. à l'initiative de plusieurs députés UMP, un amendement prévoit qu'un jury criminel pourrait édicter la peine complémentaire d'interdiction du territoire à l'encontre des criminels de nationalité étrangère en plus de la peine d'emprisonnement. C'est un retour sur la fin de la double peine.
    • Police municipale. Les policiers municipaux pourront participer aux contrôles d'identité, dépistages d'alcoolémie ou fouilles des bagages.
    • Squatteurs. Évacuation des campements illicites en cas de risques graves pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publique. Les squatteurs risqueront désormais un an de prison. Ceci concernant également les yourtes, caravanes et toute autre habitation de ce type.
    • Vidéosurveillance. Extension de la « vidéoprotection » sur la voie publique.
    Jean-Pierre Havrin, adjoint en charge de la sécurité à la ville de Toulouse et ancien patron de la police à Toulouse, débarqué en 2004 par Nicolas Sarkozy, (Il est notamment l'auteur du livre : "Il a tué la police de proximité" ) déclarait dans un entretien avec le journal "La dépêche" :
    " Cette loi continue dans la voie du tout répressif qui a montré ses limites. On voit bien que, depuis huit ans que Nicolas Sarkozy est en charge de la sécurité soit en tant que ministre de l'Intérieur ou comme président de la République, les résultats ne sont pas là. Et ce, malgré les aménagements statistiques ! Cette loi est un abandon définitif de la police de proximité. Cette loi va créer une police au service du pouvoir alors qu'on assiste à un divorce entre la population et la police."

    En résumé, si cette loi est votée, la France deviendra l'état du "Tout répressif et sécuritaire".
    Merci qui ? Merci Sarkozy !

    vendredi 10 décembre 2010

    Météo France : Le gouvernement dérape


    Mercredi 8 décembre, la France et les franciliens en particulier, sont sous la neige. Des conditions climatiques exceptionnelles que la région n'avait pas connu depuis 1983.
    Alors que des dizaines de milliers d'automobilistes se retrouvaient bloqués sur les routes, pour certains pendant près de 24h, notre ministre de l'intérieur, estimait et affirmait qu'il n'était pas question d'une "pagaille indescriptible" mais d'une situation parfaitement contrôlée.
    Brice Hortefeux dans son intervention de mercredi, m'a étrangement rappelé François Fillon qui s'exprimait sur la "Non-pénurie d'essence" que nous devions connaître lors des grèves anti-réforme des retraites survenues il y a à peine 2 mois. Une "non-pénurie d'essence" qui avait finalement eu lieu, comme tout le monde s'en doutait.

    Et si la neige et le verglas ont bloqué la plupart des habitants franciliens ce mercredi dans une " pagaille indescriptible ", tout cela, c'est de " la faute à Météo France ", selon François Fillon.
    En conséquence de cette attaque quelque peu mesquine du Premier Ministre, la polémique ne cesse d'enfler depuis hier entre les employés de Météo France et le gouvernement.
    Ce matin, SPASMET-Solidaires, premier syndicat de l'organisme de prévision se disait choqué par l'attaque du Premier Ministre et la qualifiait d'attaque " injuste, mensongère, reflétant la mépris du Premier ministre envers les services de l'Etat".
    Emmanuel Celhay, secrétaire général du syndicat CGT de Météo-France, ajoutait : " Tout le monde est abasourdi et plutôt en colère, avec une véritable incompréhension par rapport à cette déclaration. Pour nous il s'agit d'une bourde au niveau du gouvernement de dire que l'épisode neigeux n'a pas été prévu par Météo-France. De fait, il a été prévu et dans l'état des connaissances c'était même plutôt une bonne prévision. Le gouvernement s'est trompé de cible ".
    Dans un communiqué, le syndicat CFDT a pour sa part réclamé "des excuses publiques" de la part du gouvernement après "une accusation non fondée".
    "Si le Premier ministre est mal conseillé ou mal informé sur des situations à risque, cela ne doit pas entacher le travail scientifique et technique de grande qualité qui a été fait par les prévisionnistes en pareilles circonstances", a-t-il estimé.
    "La CFDT-Météo n'accepte pas que le gouvernement se défausse sur Météo-France à cause d'éventuelles défaillances dans le dispositif sécuritaire des personnes et des biens", ajoute le syndicat.

    Du côté du gouvernement, on est assez solidaires dans la bêtise. Ainsi, Thierry Mariani, secrétaire d'état aux transports déclarait ce matin au micro d'Europe 1 :  "J'assume tout à fait les couacs de la crise, ça a été une crise, mais une crise, pardonnez-moi, bien légère..."
    Ben voyons, c'est vrai que 30 000 automobilistes bloqués, les urgences saturées par des arrivées en masse de patients victimes du verglas et des lignes de métro et de RER bloquées, ce n'est pas si grave que ça...
    Si les français, depuis quelques jours, ont été victimes du verglas, le gouvernement, lui, dérape collectivement  sur une plaque de mauvaise foi !
    Brice Hortefeux a d'ailleurs annoncé ce jour une "mission d'expertise" sur les méthodes d'actions des pays d'Europe occidentale en cas de fortes intempéries.
    Le ministre, qui a annulé un voyage au Maroc, a reconnu que la France devait "encore progresser", notamment dans les "procédures d'alerte des usagers" ou les "capacités des moyens de transport capables de résister à ces phénomènes climatiques".
    En ce qui me concerne, je leur conseillerai plutôt de progresser en matière de bonne foi, de responsabilité, de solidarité et de gestion de crise.
    On éviterait ainsi d'autres dérapages, auxquels notre gouvernement semble désormais coutumier...