vendredi 26 novembre 2010

Prenez Sarko et rendez nous Coluche !!


Ce matin, François Baroin, ministre du budget et nouveau porte-parole du gouvernement, disait dans une interview accordée au journal Le Figaro que "Nicolas Sarkozy est un choix évident pour l'UMP pour les prochaines élections présidentielles".
Evident ? Pas pour tout le monde...
Pas pour moi en tout cas (Et je ne pense pas être la seule dans ce cas).
Qu'il soit le candidat le plus "évident" de l'UMP, peut-être, mais pas le candidat le plus évident pour les citoyen(ne)s comme moi.
Baroin continue en déclarant : "Nicolas Sarkozy est un choix évident. Je souhaite vraiment sa réélection. Dans ma génération, qui a déjà une certaine expérience, personne ne veut prendre le risque d'un retour de la gauche".
Le retour de la gauche, ou du centre, ou de n'importe qui d'autre, personnellement, moi je m'en fous.
J'ai juste envie d'un candidat avec un programme qui me donne (enfin) envie de voter  autre chose que blanc.
Je voudrais juste le retour du changement.

Je relisais ce matin le discours qu'avait prononcé Coluche le 30 octobre 1980, il y a 30 ans maintenant, alors qu'il se présentait comme "candidat à la candidature". Petit rappel :

« J'appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les taulards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour moi, à s'inscrire dans leurs mairies et à colporter la nouvelle.
TOUS ENSEMBLE POUR LEUR FOUTRE AU CUL AVEC COLUCHE.
Le seul candidat qui n'a aucune raison de vous mentir ! »
Il lançait également son slogan de campagne : « Jusqu’à présent la France est coupée en deux, avec moi elle sera pliée en quatre ! ».

Coluche,  à l'heure qu'il est, doit se retourner dans sa tombe, je suis certaine qu'il n'aurait pas beaucoup apprécié notre actuel président.
Les restos du coeur sont toujours ouverts, les français ont appris à vivre (survivre?) en Sarkozie et les injustices, loin de diminuer, gagnent du terrain, beaucoup de terrain.

Où est-il ce candidat du changement, cet homme ou cette femme qui redorera le blason de la France, qui ne cesse de ternir depuis 2007 ?

Alors s'il vous plait, là-haut, faites un geste : Prenez Sarko et rendez-nous Coluche !
Ou alors envoyez nous un de ses émissaires !
Pour Noël, j'aimerais vraiment déménager de Sarkozie pour emménager à nouveau dans mon pays :
La France des droits de l'homme...

jeudi 25 novembre 2010

Karachi : Rétro-commissions, secret défense et obstruction judiciaire


Loin d'avoir touché le fond, le Président de la République : Nicolas Sarkozy, creuse encore...
Lors du sommet de l'OTAN à Lisbonne, le 19 novembre dernier, il dit, concernant l'affaire Karachi :
"J'ai jamais été ministre de la défense, je suis pas au courant des contrats de sous-marins négociés à l'époque avec un président qui s'appelle M. Mitterrand, un premier ministre qui s'appelle M. Balladur, avec un ministre de la défense qui s'appelle M. Léotard. En tant que ministre du budget, je n'ai jamais eu à en connaître ni de près ni de loin puisque même la procédure de validation (par le ministre du budget sur proposition du directeur général des impôts) a été supprimée en 1992 par M. Charasse."
Comprenez : En tant que ministre du budget, il n'avait pas à donner son autorisation pour le versement de commissions aux intermédiaires de la vente de sous-marins Agosta au Pakistan. Il n'était donc pas concerné par les ventes d'armes.
Cette version arrangerait bien les affaires de Nicolas Sarkozy, en bien mauvaise posture, comme beaucoup d'autres dans cette affaire qu'on appelle désormais le "Karachigate". 
Oui, mais...c'était sans compter sur Mediapart, qui publiait le mercredi 24 novembre une série de documents qui mettent particulièrement à mal sa version à lui. 


En effet, parmi ces documents, on trouve notamment une lettre, adressée à Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, par : François Léotard, ministre de la défense...Celle-ci a d'ailleurs été versée au dossier du juge d'instruction Marc Trévidic, qui enquête sur l'attentat de Karachi.
La dite lettre, sous le sceau du "confidentiel défense", lui demande d'accorder la garantie de l'Etat au contrat de vente des sous-marins. Un préalable indispensable à la vente d'armes qui permet au vendeur d'être assuré qu'il touchera le montant de la vente. Il est plus que probable que cette garantie ait été accordée, puisque la vente a eu lieu.
Selon les dépositions de certains témoins, le contrat initial comprenait le détail des commissions versées aux intermédiaires pakistanais. Au point que Gérard-Philippe Menayas, alors directeur financier de la Direction des constructions navales, s'est étonné, devant le juge Trévidic, que ce contrat aux "exigences hors normesen matière de commissions soit accepté alors qu'il avait, selon lui, "toutes les chances d'être refusé".
Viennent ensuite un florilège de notes, rapports et autres documents qui discréditent un peu plus le Président Sarkozy, "simple" ministre du budget à l'époque et pas au courant du tout de cette affaire de vente d'armes et de rétro-commissions. 
Entre autres : des notes manuscrites (saisies par le juge Van Ruymbeke lors de la perquisition des locaux de la Direction générale des impôts, au sein du ministère du budget à Bercy détaillant le montage complexe des commissions du contrat Agosta, qui passaient par plusieurs pays. Les notes préciseraient également un circuit de retour de certains fonds vers la France, ce qui validerait encore l'hypothèse de rétrocommissions illicites.
Ces notes datant de fin 2006 sont (étrangement ?) destinées à Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, et candidat à la présidentielle...
Le 2 Juin 2010 dernier, Mediapart publiait également un rapport de la police luxembourgeoise qui désigne Sarkozy comme l'architecte, en 1994, d'un dispositif occulte utilisé pour le financement illicite de la campagne présidentielle de Balladur. «Une partie des fonds qui sont passés par le Luxembourg reviennent en France pour le financement de campagnes politiques françaises», affirment les policiers.


Le plus édifiant dans toute cette affaire c'est l'incroyable volonté que manifeste le gouvernement à étouffer et classifier en secret-défense, confidentiel-défense et top-secret toutes les informations qui permettraient enfin de faire la lumière sur cette affaire.


En effet, le 22 novembre dernier, le juge Van Ruymbeke, qui avait demandé l'autorisation de perquisitionner les locaux de la DGSE (plus exactement la déclassification temporaire des locaux) a essuyé un refus de François Fillon. Parmi les éléments recherchés par le juge : le contenu des écoutes téléphoniques réalisées en 1995 sur des membres du cabinet de François Léotard lorsqu 'il était ministre de la Défense.
De son côté, le juge d'instruction Marc Trevidic a écrit lundi matin à Alain Juppé pour demander une nouvelle fois la déclassification de certains documents. Alors que sa première demande remonte au 5 mai 2010, le juge affirme n'avoir obtenu à ce jour aucune réponse


Valery Giscard D'Estaing déclarait mercredi : " Il existe une liste des rétrocommissions puisqu’on la protège par le secret-défense. Si elle n’existait pas on n’aurait pas besoin de la protéger », a-t-il expliqué. Pour l’ancien chef de l’Etat, les rétrocommissions sont « un scandale », qui « n’ont rien à voir » avec le secret défense.


Alors que Dominique De Villepin s'apprête à être entendu jeudi 25 novembre par le juge Van Ruymbeke sur le sujet des rétro-commissions, et que circule sur internet le scandaleux "Off" de Nicolas Sarkozy à Lisbonne, on sent bien qu'un vent de panique souffle en direction de l'Elysée, sinon on ne s'appliquerait pas autant à faire obstruction aux demandes de ces deux juges et des gens qu'ils représentent : les familles des victimes de l'attentat de Karachi.
La vérité, pour une fois, ça nous changerait un peu...

mardi 23 novembre 2010

Projet de loi LOPPSI 2, une mise en danger de nos libertés ?




La loi LOPPSI 2 ou projet de « loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure » sera examinée à partir de demain à l'Assemblée Nationale.
Le CLEJ (Collectif Liberté Egalité Justice), un collectif d'organisations et associations, semble très inquiet concernant les conséquences que peuvent entraîner la mise en application de cette loi. Voici leur communiqué de presse intitulé : "Pas en notre nom" :

"Le projet de « loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure » (dite « LOPPSI 2 ») sera examiné cette semaine en deuxième lecture à l'Assemblée nationale. Les organisations membres et partenaires du Collectif Liberté Egalité Justice (CLEJ), inquiètes de l'absence de réel débat concernant ce texte, tiennent à alerter les citoyens sur les dérives dont il est porteur, qui mettent en péril les équilibres démocratiques de notre pays. D'où cet appel: LOPPSI 2 : pas en notre nom !
.Ce projet de loi se présente comme un agrégat hétéroclite de dispositions techniques qui justifie le terme, désormais consacré, de « fourre-tout
législatif ». L'illisibilité qui résulte de cet assemblage a pour effet d'évincer les débats parlementaires et publics, en empêchant les différents acteurs de prendre le recul suffisant pour discuter des grandes orientations qui s'en dégagent. Or, ce texte révèle une ligne politique particulièrement inquiétante : fichage, surveillance, contrôle, enfermement ! Les nouvelles valeurs que le gouvernement veut imposer à la société seraient-elles : répression, exclusion, stigmatisation, suspicion ?
.La LOPPSI 2 relaie un discours politique belliqueux qui utilise la figure du délinquant pour entretenir le fantasme de l'ennemi intérieur et qui assimile, corrélativement, tout acte de délinquance à une atteinte à l'Etat. Au nom de la protection de la société contre ses « ennemis », les mesures dérogatoires au droit commun sont sur le point de devenir la norme, la surveillance et le contrôle social s'étendent et l'objectif de réinsertion assigné à chaque peine disparaît.
Cet énième fatras sécuritaire prévoit d'abord d'étendre considérablement les dispositifs de fichage et de vidéosurveillance (désormais appelée
« vidéoprotection »). Non contente de reconduire les fichiers de police et de gendarmerie actuels (STIC et JUDEX) - pourtant détournés de leurs objectifs initiaux, truffés d'erreurs, incontrôlables et, de fait, incontrôlés - la majorité UMP s'apprête à les interconnecter et à les étendre. Les données relatives à un suspect innocenté ne seront pas systématiquement effacées : pourront donc être maintenues dans ces fichiers dits « d'antécédents » des personnes qui, en réalité, n'en auront pas ! De même, alors que les pays anglo-saxons reviennent sur le dogme coûteux de son efficacité, en France l'objectif est d'accroître au maximum l'espionnage de l'espace public : les autorités pourront placer des dispositifs de vidéosurveillance pratiquement partout sur la voie publique ; toutes les entreprises privées pourront installer des caméras aux abords de leurs établissements ; les préfets pourront faire de même le long du parcours des manifestations.
.Il est particulièrement inquiétant d'entendre, en marge des discussions sur cette banalisation de la surveillance et du fichage, des membres du
gouvernement affirmer que seuls ceux qui ont quelque-chose à se reprocher ont quelque-chose à craindre. Un tel discours, qui supprime la distance entre l'autorité de l'Etat et la conscience individuelle, est particulièrement malsain.
Nous pensons à l'inverse que nous avons toutes et tous à craindre de cette extension du contrôle social car elle contribuera, demain, à réduire encore nos droits et nos libertés.
Le projet comporte aussi, bien sûr, un imposant volet répressif. Ainsi, en guise de « réponse » aux difficultés de certaines familles, ses rédacteurs ont imaginé un « couvre-feu » pour les mineurs de moins de 13 ans - qui ne manquera pas d'engendrer des contrôles abusifs, un nouveau « contrat de responsabilité parentale » - qui renforcera la marginalisation de certains parents - et une procédure proche de la comparution immédiate devant le tribunal pour enfants - qui achèvera d'aligner la justice des mineurs sur celle des majeurs, devançant ainsi le débat public sur la réforme prévue de l'ordonnance de 45. La création d'un délit de « vente à la sauvette », le « surdurcissement » des peines pour les auteurs d'agressions ou de cambriolages à l'encontre de personnes âgées, l'introduction de confiscations automatiques en matière routière, l'invention de peines-planchers dès la première infraction, l'élargissement de la période de sûreté de 30 ans de réclusion à de nouveaux
crimes ou encore l'extension des possibilités de placement sous surveillance électronique après l'exécution de la peine complètent ce sombre tableau d'un droit pénal transformé en outil de communication politique au péril de nos principes, de nos libertés et du simple sens de la réalité.
.L'Etat abandonne certaines de ses missions régaliennes : augmentation des pouvoirs de la police municipale ; création d'une milice policière baptisée « réserve civile » ; instauration d'un vague « Conseil national des activités privées de sécurité » qui entérine et annonce la privatisation croissante de la sécurité ; possibilité pour les agents des transports en commun d'expulser des voyageurs par la force.
Enfin, ce projet confie à l'autorité administrative de nouveaux pouvoirs d'atteinte aux libertés individuelles en dehors de tout contrôle judiciaire :
filtrage des sites internet, dépistages contraints, expulsion en 48h des occupants d'habitations hors normes - tels que campements, bidonvilles,
mobil-homes, maisons sans permis de construire ou habitats choisis (yourtes, tipis, cabanes...) - et leur destruction.
.L'idéologie primaire et dangereuse qui a présidé à l'élaboration de ce texte n'est pas nouvelle. La LOPSI, la loi Perben, la loi sur la sécurité intérieure, la loi Perben 2, la loi sur la « prévention » de la délinquance, la loi sur la récidive, la loi sur les peines-planchers, la loi sur la rétention de sûreté, la loi sur la récidive criminelle, la loi sur les « bandes »... en sont les (in)dignes ancêtres.
Chaque fois, l'objectif affiché est de lutter contre la criminalité, de protéger les citoyens, de créer les conditions du bien-être général. La réalité est tout autre : le « sentiment d'insécurité » augmente avec l'insécurité sociale et nos principes démocratiques se réduisent comme peau de chagrin.
Comme les précédents, ce texte s'annonce inefficace du point de vue des fins qu'il prétend atteindre, mais très efficace au regard de ses fins réelles : il nous prépare une société du Contrôle, fondée sur une stratégie de la tension particulièrement nette dans le discours guerrier prononcé le 30 juillet dernier par le chef de l'Etat à Grenoble.
.Les organisations membres et partenaires du Collectif Liberté Egalité Justice (CLEJ) alertent l'ensemble des citoyens sur le caractère à la fois inutile et inacceptable de ce projet de loi qui n'a pas donné lieu à un véritable débat public et qui, pourtant, devrait être bientôt adopté en leur nom...
Paris, novembre 2010."
.Liste des 55 organisations signataires :
Assemblée citoyenne des originaires de Turquie, Act-Up Paris, Association des Tunisiens en France (ATF), Collectif "Non à la politique de la peur", Confédération syndicale des familles (CSF), Droit au Logement (DAL), Droit Solidarité, FASTI, FCPE, Fondation Copernic, Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), GISTI, Groupement étudiant national d'enseignement aux personnes incarcérées (GENEPI), Habitants de logements éphémères et mobiles (HALEM), In LibroVeritas, Inter LGBT, Intersquat Paris, Jeudi Noir, IRIS (Imaginons un réseau Internet solidaire), La Quadrature du Net, Libre Accès, Ligue des droits de l'Homme (LDH), MACAQ, Mouvement de la Paix, Privacy France, RESEL (Réseau Stop aux expulsions de logement), SNJ-CGT, Solidaires unitaires démocratiques - santé/sociaux (SUD santé/sociaux), Syndicat de la magistrature (SM), Syndicat des avocats de France (SAF), Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNESUP/FSU),Syndicat national de l'ensemble des personnels de l'administration pénitentiaire (SNEPAP/FSU), Syndicat national des personnels de l'éducation et du social - Protection judiciaire de la jeunesse (SNPES-PJJ/FSU), Syndicat national unitaire des collectivités locales, de l'intérieur et des affaires sociales (SNUClias/FSU), Union Juive Française pour la Paix (UJFP), Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale Solidaires, UNSA EDUCATION,VECAM
...
Partis politiques: Europe Ecologie/Les Verts, Cap 21,  Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti communiste français (PCF), Parti de gauche (PG).


Crédit Photo : Anouch'K Photo

vendredi 19 novembre 2010

Affaire Karachi : la web-enquête de Mediapart

Depuis quelques jours, tout le monde en parle, "L'Affaire Karachi" fait la Une des médias.
Celle-ci est complexe, gênante, elle implique bon nombre d'hommes politiques français, parmi lesquels notre Président de la République : Nicolas Sarkozy.
La vidéo ci-dessous est extraite de la web-enquête sur l' Affaire Karachi menée par Fabrice Arfi et Fabrice Lhomme, journalistes pour Mediapart.
Chronologies, documents, portraits des principaux protagonistes, vous trouverez dans cette vidéo toutes les explications nécessaires pour mieux comprendre cette affaire.

Sarkozy poursuivi par l'affaire de Karachi
envoyé par jackyshow38. - L'info video en direct.

vendredi 5 novembre 2010

Communiqué de presse sur le démantèlement de l'AME



Ci-dessous le communiqué de presse publié ce jour par Médecins du Monde, la FNARS, l' ODSE et l'UNIOPSS concernant le démantèlement de l'Aide Médicale d'Etat (AME).

Paris, le 5 novembre 2010

COMMUNIQUE DE PRESSE

Démantèlement de l'Aide médicale d'Etat :
La Ministre de la santé renonce à défendre la santé des plus pauvres

Dès juillet 2010, plus de 900 organisations, rassemblées au sein des associations et collectifs FNARS, ODSE et UNIOPSS, regroupant notamment des professionnels de santé et des usagers, ont alerté la Ministre de la santé sur le risque de démantèlement de l'Aide médicale d'Etat. Ce dispositif permet aujourd'hui l'accès aux soins des étrangers les plus précaires sur le plan économique et administratif.

Nous avons, à de multiples reprises, mis en garde le ministère de la Santé sur les conséquences catastrophiques en matière de santé publique de la mise en place d'un droit d'entrée et d'une remise en cause de l'Aide médicale d'Etat.[1]

Pourtant l'expertise sanitaire et sociale des acteurs de terrain n'a pas été entendue. Malgré l'imminence de la remise d'un rapport de l'Inspection Générale des Affaires Sociales et de l'Inspection Générale des Finances sur l'AME, certains députés de la majorité ont hâté la décision politique sans prendre le temps d'évaluer la réalité du dispositif. Le ministère avait pourtant déclaré attendre les conclusions du rapport.

Ce 2 novembre à l'Assemblée nationale, la Ministre de la santé et plusieurs députés de la majorité ont défendu et fait voter le démantèlement de l'AME.

En matière de santé publique, le vote de l'Assemblée nationale, soutenu par le gouvernement, aboutit à :

-          Eloigner les plus pauvres des structures de soins en mettant en place un droit d'entrée annuel à 30 euros :
Cet accès payant conduira les bénéficiaires de l'AME à retarder encore leur entrée dans le dispositif voire à renoncer aux soins. La prévention et le suivi médical régulier seront entravés et les personnes seront soignées à un stade plus avancé de leur pathologie. Cela compromettra l'efficacité du traitement et coûtera plus cher à la collectivité.

-          Retarder les soins lourds pour ceux qui en ont le plus besoin en mettant en place des procédures de contrôle inutiles :
Un agrément préalable de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie sera nécessaire pour recourir à des soins à l'hôpital pour des personnes dont les droits à l'AME sont déjà ouverts.

-          Priver les plus pauvres de certains soins :
Les bénéficiaires de l'AME ont déjà accès à un panier de soins réduit par rapport aux assurés sociaux à revenu équivalent, les mesures votées à l'Assemblée renforceront ce différentiel.

Si l'objectif poursuivi est exclusivement budgétaire, nous savons et la Ministre de la santé sait mieux que personne que ces mesures seront à terme particulièrement coûteuses. Elles auront en effet pour conséquence une prise en charge plus tardive des pathologies, ce qui aura un coût à long terme sans commune mesure avec les économies réalisées.

Alors que l'AME est l'un des dispositifs de solidarité envers les plus vulnérables, ces mesures laissent entendre que certaines populations, aujourd'hui les étrangers vivant en France, pauvres et précaires, n'auraient plus légitimement le droit d'accéder aux soins. La Ministre ne peut évidemment pas cautionner une telle politique de santé.

Nous exigeons que le gouvernement revienne sur ces mesures injustes, discriminatoires, financièrement lourdes pour la collectivité et contraires à toute logique de santé publique. Nous demandons par ailleurs aux sénateurs de s'y opposer lors de l'examen du projet de loi de finances au Sénat. 

Contacts Presse :
Pierre Carpentier (ODSE) 06.03.85.09.35
Didier Maille (COMEDE) 06.82.17.31.25
Solenn Assathiany / Florence Priolet (MdM) 01 44 92 14 32 /14 31

jeudi 4 novembre 2010

Restriction de l'AME, vers une dérive de la santé publique ?


Mardi 2 Novembre 2010, lors du débat sur le projet de loi finances 2011, une série d'amendements a été adoptée à l'Assemblée Nationale, parmi lesquels des restrictions concernant l'AME (Aide Médicale d'Etat).
Cette couverture maladie "réservée" aux personnes étrangères en situation irrégulière permet la prise en charge à 100% des tarifs de sécurité sociale, évite les avances de frais pour les dépenses de soins à l'hôpital ou en médecine libérale.
Les personnes qui en bénéficient (216 000 en 2010) doivent disposer de moins de 634€ par mois...
Et contrairement aux idées reçues, la couverture maladie (ou "panier de soins") du bénéficiaire de l'AME est beaucoup plus faible qu'un bénéficiaire de la CMU. Dans un rapport d'enquête, publié en 2006 par Médecins du Monde, on peut également lire que "l'accès aux soins des bénéficiaires de l'AME est rendu particulièrement difficile en raison de nombreux refus de soins, même pour des soins importants".

Comme vous l'aurez compris, cette couverture maladie s'adresse aux plus précaires.
En revanche, le gouvernement, en adoptant cette série d'amendements, se dirige vers un durcissement de cette précarisation et s'il persiste dans cette voie-là, vers de nombreux problèmes de Santé Publique.

Parmi les amendements votés : le ticket modérateur à 30€, seul moyen pour le bénéficiaire potentiel de l'AME de garantir son "droit d'entrée".
Comme l'explique le compte rendu du 22 octobre dernier publié par le CISS, la FNARS et l'ODSE, (3 collectifs d'associations ) : les personnes bénéficiaires de l'AME font partie des personnes les plus pauvres et le paiement de ce droit d'entrée va retarder leur entrée dans le système de soin, voire les en écarter complètement.
En effet : la prévention et le suivi médical seront entravés par ce prix d'entrée et les patients seront pris en charge à un stade plus avancé de leur pathologie, au risque d'arriver à l'hôpital soudainement, quand ils auront besoin de soins urgents, beaucoup plus lourds et compliqués à mettre en oeuvre. Cette méthode compromet l'efficacité des traitements et coûte plus cher à la collectivité...
Qui dit manque de prévention, dit aussi manque de contrôle sur des risques d'épidémie, qui peuvent être anticipés si les patients sont déjà dans le système de soins.
De plus, les services d'Urgences des hôpitaux se retrouveront rapidement surchargés, alors qu'ils le sont déjà à l'heure actuelle.
Pour finir : le droit d'entrée payant à 30€ va non seulement freiner l'accès aux soins des plus pauvres, mais en plus il n'aura aucun effet positif sur les finances publiques : le surcoût occasionné par les retards de prise en charge ainsi que les frais de fonctionnement pour récolter cette somme, réduiraient à néant l'économie de 6 millions d'euros escomptée par le gouvernement.

Pierre Carpentier, de l'ODSE (Observatoire du Droit à la Santé des Etrangers) se disait choqué par ces nouvelles attaques contre l'AME et inquiet que ne s'installe un climat de "suspicion quasi automatique" pour les personnes d'origine étrangère.

Ce gouvernement, qui est sensé protéger la Santé Publique est en train de précariser encore plus ceux qui font déjà partie des plus pauvres, des plus fragiles...
Médecins du Monde ainsi que les autres associations des collectifs CISS, FNARS et ODSE préparaient ce mercredi après-midi un communiqué de presse.

Malgré de nombreuses alertes données par ces mêmes collectifs d'associations, le gouvernement a quand même décidé d' adopter mardi dernier des amendements injustes et aberrants qui pourraient occasionner des défaillances importantes en matière de Santé Publique. Car oui ! Il est question de Santé publique quand un homme, quelle que soit son origine, ou sa religion est malade dans notre pays !
Le débat se poursuivra au Sénat à partir du 24/25 novembre prochain.
En attendant : Couvrez vous bien, le moment serait mal choisi pour tomber malade...