jeudi 4 novembre 2010
Restriction de l'AME, vers une dérive de la santé publique ?
Mardi 2 Novembre 2010, lors du débat sur le projet de loi finances 2011, une série d'amendements a été adoptée à l'Assemblée Nationale, parmi lesquels des restrictions concernant l'AME (Aide Médicale d'Etat).
Cette couverture maladie "réservée" aux personnes étrangères en situation irrégulière permet la prise en charge à 100% des tarifs de sécurité sociale, évite les avances de frais pour les dépenses de soins à l'hôpital ou en médecine libérale.
Les personnes qui en bénéficient (216 000 en 2010) doivent disposer de moins de 634€ par mois...
Et contrairement aux idées reçues, la couverture maladie (ou "panier de soins") du bénéficiaire de l'AME est beaucoup plus faible qu'un bénéficiaire de la CMU. Dans un rapport d'enquête, publié en 2006 par Médecins du Monde, on peut également lire que "l'accès aux soins des bénéficiaires de l'AME est rendu particulièrement difficile en raison de nombreux refus de soins, même pour des soins importants".
Comme vous l'aurez compris, cette couverture maladie s'adresse aux plus précaires.
En revanche, le gouvernement, en adoptant cette série d'amendements, se dirige vers un durcissement de cette précarisation et s'il persiste dans cette voie-là, vers de nombreux problèmes de Santé Publique.
Parmi les amendements votés : le ticket modérateur à 30€, seul moyen pour le bénéficiaire potentiel de l'AME de garantir son "droit d'entrée".
Comme l'explique le compte rendu du 22 octobre dernier publié par le CISS, la FNARS et l'ODSE, (3 collectifs d'associations ) : les personnes bénéficiaires de l'AME font partie des personnes les plus pauvres et le paiement de ce droit d'entrée va retarder leur entrée dans le système de soin, voire les en écarter complètement.
En effet : la prévention et le suivi médical seront entravés par ce prix d'entrée et les patients seront pris en charge à un stade plus avancé de leur pathologie, au risque d'arriver à l'hôpital soudainement, quand ils auront besoin de soins urgents, beaucoup plus lourds et compliqués à mettre en oeuvre. Cette méthode compromet l'efficacité des traitements et coûte plus cher à la collectivité...
Qui dit manque de prévention, dit aussi manque de contrôle sur des risques d'épidémie, qui peuvent être anticipés si les patients sont déjà dans le système de soins.
De plus, les services d'Urgences des hôpitaux se retrouveront rapidement surchargés, alors qu'ils le sont déjà à l'heure actuelle.
Pour finir : le droit d'entrée payant à 30€ va non seulement freiner l'accès aux soins des plus pauvres, mais en plus il n'aura aucun effet positif sur les finances publiques : le surcoût occasionné par les retards de prise en charge ainsi que les frais de fonctionnement pour récolter cette somme, réduiraient à néant l'économie de 6 millions d'euros escomptée par le gouvernement.
Pierre Carpentier, de l'ODSE (Observatoire du Droit à la Santé des Etrangers) se disait choqué par ces nouvelles attaques contre l'AME et inquiet que ne s'installe un climat de "suspicion quasi automatique" pour les personnes d'origine étrangère.
Ce gouvernement, qui est sensé protéger la Santé Publique est en train de précariser encore plus ceux qui font déjà partie des plus pauvres, des plus fragiles...
Médecins du Monde ainsi que les autres associations des collectifs CISS, FNARS et ODSE préparaient ce mercredi après-midi un communiqué de presse.
Malgré de nombreuses alertes données par ces mêmes collectifs d'associations, le gouvernement a quand même décidé d' adopter mardi dernier des amendements injustes et aberrants qui pourraient occasionner des défaillances importantes en matière de Santé Publique. Car oui ! Il est question de Santé publique quand un homme, quelle que soit son origine, ou sa religion est malade dans notre pays !
Le débat se poursuivra au Sénat à partir du 24/25 novembre prochain.
En attendant : Couvrez vous bien, le moment serait mal choisi pour tomber malade...
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