samedi 23 octobre 2010

Retraites Story, Qui va gagner la finale ?



Alors qu'hier soir le projet de loi sur la réforme des retraites a été adopté suite au "vote bloqué" demandé par le gouvernement, la mobilisation continue avec 2 autres journées d'action prévues les 28 octobre et 6 novembre prochain et la pénurie d'essence (celle qui ne devait pas avoir lieu...) mettra, selon François Fillon, quelques jours avant de se dissiper.
La raffinerie de Grandpuits, après avoir été réquisitionnée hier matin, a été débloquée hier soir (suite à la décision du tribunal de Melun qui a validé l'atteinte portée au droit de grève des salariés) et a finalement été re-réquisitionnée ce matin par le préfet (grotesque, non ?)
Parallèlement, c'est la bataille des sondages :
Les Français sont-ils pour ou contre la poursuite du mouvement contre la réforme des retraites ? Les jeunes ont- ils le droit de manifester ? Le projet de loi est-il juste ou injuste ? Etes vous pour ou contre le blocage des raffineries ?
Et le plus surprenant c'est que d'un sondage à l'autre, les chiffres sont sensiblement différents. Pourquoi ?
Le gouvernement est en train de manipuler l'opinion publique. A grands renforts de vidéos de casseurs (où vous pourrez librement faire l'amalgame entre jeunes et casseurs, c'est la même chose après tout, non ?), de menaces du type "en prenant en otage l'économie, les entreprises et la vie quotidienne des Français, on va détruire des emplois" (dixit Nicolas Sarkozy), en réquisitionnant des salariés en grève dans les raffineries (pour montrer à quel point la pénurie de carburant est proche et grave et dangereuse) et surtout en empêchant les journalistes de travailler...
Depuis la semaine dernière, des vidéos font le "Buzz" sur le web, des témoignages de manifestants aussi. 
Dans cet article publié sur Rue89, on peut voir et lire un petit "medley" de ces journalistes qu'on matraque et qu'on empêche de travailler pendant les manifs : http://www.rue89.com/2010/10/22/comment-la-police-empeche-les-journalistes-de-travailler-en-manif-172756 notamment un journaliste de la BBC (Vive l'image de la France à l'étranger !)
Pourtant, les craintes qu'on veut créer chez les Français avec cette manipulation de l'opinion publique grâce aux médias, sont sans fondements :

  • La France disposait début Octobre de 17 millions de tonnes de pétrole brut soit 98,5 jours de consommation (soit 8,5 jours de plus que ce que prévoient les obligations internationales)
  • La fameuse "crise économique" résultant de la grève, dont nous menace le Président, est une menace fantôme : Eric Heyer, directeur adjoint de l'Observatoire français de conjoncture économique, estime qu'il faut "relativiser" l'impact des grèves et que l'impact social des grèves actuelles est vraiment marginal comparé à l'Euro qui est en baisse...(Interview pour le nouvel obs du 21 octobre 2010) http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20101021.OBS1629/interview-l-impact-du-mouvement-social-sur-l-economie-est-derisoire.html
  • Les fameux casseurs sont également des éléments marginaux mais ce sont ces images là qui sont retenues par les grands Médias et montrées telles des images subliminales aux Français. Des casseurs, il y en a toujours eu, dans toutes les manifs et vu la conjoncture actuelle et l'excitation dont font preuve les forces de l'ordre, on ne peut guère s'étonner que tout cela déchaîne un peu les passions...
Ce qui m'inquiète moi, au regard de ces différents éléments, c'est les raisons qui poussent le Président à utiliser cette technique du "pourrissement" de la grève.
Corinne Lepage, députée européenne dans un article publié sur lemonde.fr s'inquiète également et se demande si la stratégie de Nicolas Sarkozy ne serait pas celle de l'article 16 : 
"Rappelons que cette disposition permet au président de s'arroger tous les pouvoirs lorsque les institutions de la République sont menacées d'une manière grave et immédiate, et le fonctionnement des pouvoirs publics constitutionnels interrompus." 

Il faudrait peut-être ouvrir les yeux avant qu'il ne soit tard...

Illustration : le visuel de campagne de RSF (agence Saatchi & Saatchi).

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